PROPOSITION DE RÉSOLUTION N°3110
Les pouvoirs publics doivent affirmer en actes la nécessité du geste artistique.
Le monde de la culture et des arts a été placé en suspension pendant le confinement et il risque de subir durablement les effets de la crise. Des annonces ont été faites ouvrant la voie à ce que la juste revendication des intermittents d’une année blanche puisse être entendue — il reste à en obtenir le détail —, mais la situation des artistes-auteurs dans leur ensemble et de nombreux travailleurs et travailleuses de la culture reste sous la menace. Prolonger les droits jusqu’en août 2021 est nécessaire tout comme le renouvellement des dates anniversaires. On ne peut se passer de l’apport essentiel de nombreux et nombreuses intermittents de l’emploi qui sont aujourd’hui au bord du précipice, d’où la nécessité de ne pas geler le décompte des jours jusqu’au moment où ils pourront reprendre le travail.
Les règles sanitaires jettent un voile d’incertitude sur la possibilité de produire des représentations et d’organiser la rencontre avec le public. Il est pourtant décisif que l’art puisse se mettre en scène, se montrer, se partager, sans attendre. Nous avons besoin de la culture et de la création pour nous vivre au présent et nous projeter dans l’avenir.
Or la production artistique ne se résume pas au moment de la représentation en salle ou de la manifestation en plein air.
Cette situation peut être l’occasion de changer d’approche en accordant plus d’importance à l’acte et au processus de création par rapport au produit lui-même. Il convient donc de revoir les dispositifs de financement conditionnés à la diffusion, qui obligent à détailler les objectifs comptables des « projets », par le nombre de représentations prévues ou la quantité de public touché.
Il s’agit donc d’ouvrir des financements sans préjuger des débouchés pour que partout puissent l’art et la création se rendre disponibles à la rencontre humaine dans les conditions du moment, en soutenant l’expérimentation, la recherche, l’invention de formes nouvelles, la médiation, l’art en chantier et en mouvement, etc.
Que les lieux et médias se rendent disponibles pour accueillir différemment des représentations et expérimentations sera nécessaire. Cela nécessitera également des ressources.
Il est donc nécessaire de pouvoir compter sur les scènes labellisées, conventionnées ou subventionnées, de soutenir un foisonnement d’associations, de coopératives et de compagnies ou de maisons de production indépendantes aujourd’hui menacées, de sécuriser les artistes-auteurs, plasticiens et indépendants dont les revenus étaient pour beaucoup d’entre elles et d’entre eux déjà fragiles.
Le gouvernement a annoncé un fonds de soutien.
Ce plan, s’appuyant sur un service public refondé, se préoccupant de toutes les disciplines artistiques et culturelles du spectacle vivant et des arts visuels, du cinéma, du livre, des artistes plasticiens comme des formes artistiques émergentes, devra permettre au tissu culturel de faire face au rétrécissement des débouchés. Et il pourra avoir pour effet de sortir l’art et la culture des ornières d’une marchandisation outrancière.
Afin de mobiliser toutes les énergies créatrices, il convient d’organiser des États généraux de la culture, nationaux et territorialisés.