Bernard Noël était un grand poète de notre temps. Il nous a quittés hier. Nous nous inclinons devant son œuvre sensible et engagée, devant ce profond esprit de liberté et ce goût du bonheur qui lui faisaient déployer une langue magnifique. La subversion des mots, il en avait très tôt goûté le prix, traîné en procès pour avoir simplement osé écrire des mots qui avaient déplu. Il avait ainsi dû affronter un procès pour « outrage aux bonnes mœurs », auquel il avait répliqué par un texte puissant, « L’outrage aux mots », dans lequel il dénonçait la « sensure ». Quand le monde était regardé par Bernard Noël, quand il était parlé par lui, il se révélait à la fois dans sa brutalité sourde et ses possibles cachés. « Le bonheur est la grâce de l’activité, de la pensée politique », écrivait-il. On ne saurait trop recopier ses mots pour lui rendre hommage. La langue a parfois du mal à décrire le réel tel que nous le vivons depuis nos enveloppes humaines, c’est pour cela que nous avons besoin de la puissance du poète, de sa sagesse et de sa folie. Il était un de ceux dont les mots portaient loin et savaient allumer les projecteurs. Il faut lire Bernard Noël. Il va nous manquer, manquer à nos rencontres, à nos imaginaires, à notre langue, à nos vies.
Pierre Dharréville [1] Délégué national à la culture du PCF, Député des Bouches du Rhône
References
↑1 | Délégué national à la culture du PCF, Député des Bouches du Rhône |
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