Lettre ouverte à Roselyne Bachelot, ministre de la culture
Pierre Dharréville, député des Bouches du Rhône, délégué Pcf à la culture
Le 20 janvier 2021
Madame la ministre,
Vous avez annoncé en reprenant Pablo Neruda, que « le printemps est inexorable ». Cette formule, le grand poète communiste chilien l’appuyait sur un constat : « Pourtant, il existe des gens qui croient au changement, des gens qui ont pratiqué le changement, qui l’ont fait triompher, qui l’ont fait fleurir… » Or les choses sont clairement établies : le gouvernement n’en fait pas partie. Il en fait d’autant moins partie qu’il confirme à chaque étape son choix du sacrifice de la culture. Elle n’a jamais été dans les priorités de la Macronie, mais voici désormais bientôt un an qu’elle est sous l’étouffoir.
A plusieurs reprises, l’Exécutif a été pris en flagrant délit de l’oublier. En réalité, il n’y a pas d’oubli : elle ne fait tout simplement pas partie des choses essentielles à ses yeux. La crise dans laquelle se débat notre pays comme toute l’humanité n’est plus depuis longtemps seulement une crise sanitaire. Nos esprits se dessèchent de n’être plus suffisamment alimentés, sollicités, interrogés, bousculés, transportés… Qu’on se rassure pourtant, tout n’est pas empêché : les cadors de l’industrie culturelle, ceux qui en font une marchandise standardisée, prennent cette situation comme un tremplin. Vous avez opposé dans une rhétorique un peu facile la création supposée élitiste d’un côté et les usages supposés populaires de l’autre, l’une étant à l’arrêt, l’autre perdurant.
Certes, tout accès à des créations n’est pas éteint. Certes, l’art se pratique encore dans les soupentes. Certes, il s’en partage encore tant soit peu sur les réseaux et à travers les écrans. Certes, des compagnies se préparent à un insaisissable recommencement. Non, l’aspiration à la culture n’a pas disparu. Mais elle peut aussi s’étioler, se perdre, se dissoudre. Nous le savons à l’heure où la raison est si souvent malmenée par le complot et la politique par les populismes. Et dans ce désert où les propositions sont aussi rares que des oasis, se fabriquent de nouvelles normes qui en viennent à formater les désirs. Il dépérit, le peuple qui ne danse plus, qui ne monte plus sur les planches, qui ne rit plus, qui ne s’émerveille plus, qui ne se rencontre plus, qui ne rêve plus.
Vous auriez tort de penser que les manifestations qui appellent à rouvrir l’espace de la culture sont des enfantillages de professionnels bohèmes et élitistes. Tandis que vous vous méprenez sur la dangerosité du blackout culturel, ils ne se méprennent pas sur la dangerosité du virus. Ce qui est à l’œuvre ne met pas seulement en cause leur existence présente et à venir, mais crée les conditions de la dé-civilisation.
Vous avez pointé du doigt pour vous excuser la « faiblesse chronique de la réflexion des partis politiques sur l’enjeu culturel ». Parlez pour votre camp. Pour ce qui nous concerne, nous n’avons de cesse que d’agir pour en faire un enjeu central car elle est la condition de la politique, et plus profondément la condition de l’émancipation humaine. C’est pourquoi nous refusons de la laisser entre les mains du marché ou des identitaires de toutes obédiences. Les communistes français ont joué un très grand rôle dans le développement des politiques publiques de l’art et de la culture ainsi que de leur démocratisation ; ils sont toujours porteurs d’un projet émancipateur de refondation qui donnerait un nouveau souffle à la création artistique et à la démocratie culturelle. Ouvrez donc des espaces pour en discuter. Dans l’immédiat nous vous demandons donc derechef la réouverture des lieux de culture accompagnée de conditions sanitaires adéquates, ainsi que le développement significatif de la commande publique et des soutiens financiers correspondants.
Plutôt que l’extinction des feux, le moment que nous vivons appelle à changer de modèle. Il appelle à changer notre rapport à l’acte de création. Levez le rideau !
Bonjour à Toutes et tous
Il faut lancer un MAI 68 de la Culture.
La macronie fait tout pour éviter un Mai de révolte, il faut continuer à Résister avec ce slogan, Bon courage à tous les salariés es de la Cultures et ça fait du monde, Fabien.