Le pluralisme selon le président du CSA

Dans un entretien accordé au Monde, Roch-Olivier Maistre, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, a réitéré une définition du pluralisme pour le moins surprenante.

La règle de l’équité ne s’appliquera qu’à partir du 1er janvier prochain. A compter de cette date, les critères retenus pour apprécier l’équité seront, notamment : « le poids politique de chacune des personnalités en tenant compte des résultats aux précédents scrutins des familles représentées dans cette élection, mais aussi de la dynamique de la campagne, l’évolution des sondages d’opinion, etc. »

Des critères dont on peut mesurer la rigueur ; le président du CSA n’a pas donné de définition de ce qu’il entend par la dynamique de campagne. Mais, plus grave, il sera pris en compte l’évolution des sondages, dont on sait comment ils sont manipulés et souvent démentis. Par cette phrase, M. Maistre justifie également l’utilisation outrancière des sondages par les médias pour se départir du pluralisme.

M. Maistre a dévoilé que Zemmour est « enregistré dans une catégorie divers droite » (aux côtés de Valérie Pécresse et Xavier Bertrand). Surprenant à plus d’un titre de placer Zemmour dans une catégorie fourre-tout. Et surprenant aussi d’y trouver deux candidats potentiels qui viennent de reprendre leur carte aux Républicains.

Quant au président de la République, il continuera à s’exprimer longuement, y compris pendant la présidence de l’Union européenne ; la parole du président et la parole du candidat seront bien distinguées. Sans préciser comment séparer les interventions du président-candidat et celles du candidat-président.

Enfin, interrogé à propos de chaînes qui, comme CNews, deviennent des chaînes d’opinion, M. Maistre a surpris une fois encore en prétendant que la loi de 1986 consacre la liberté éditoriale des chaînes. « Les chaînes sont libres et responsables de leurs choix », a-t-il ajouté. Cela signifie que les éditorialistes de CNews (et d’autres) pourront faire campagne pour un candidat sans s’attirer les foudres du CSA au prétexte que « une personnalité peut faire l’objet d’énormément de commentaires, de la part d’éditorialistes et des journalistes ».

Vincent Bolloré est rassuré ; ‘’sa’’ personnalité préférée pourra continuer à être encensée sur ses chaînes.

En conclusion, M. Maistre peut avancer qu’il n’a reçu aucune pression depuis le début de son mandat. On veut bien le croire : il a été porté à la présidence du CSA en toute connaissance de cause.

Pour la commission médias du PCF, la démocratisation de toutes les instances, commissions, conseils, etc. (actuellement colonisées par des ultra-libéraux), sera l’un des chantiers urgent du prochain quinquennat pour un président soucieux de la devise républicaine : liberté, égalité, fraternité.

Michel Diard